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MAIN-D'ŒUVRE ENFANTINE

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Synonymes ou variantes : MAIN-D'ŒUVRE INFANTILE
Équivalents : CHILD LABOUR 2
MANO DE OBRA INFANTIL
Domaine : Travailleur

Définition

Ensemble des enfants employés avant d'avoir atteint l'âge minimum considéré comme approprié par une instance nationale ou internationale. Par extension, exploitation du travail des enfants.

Contexte

« La main-d'œuvre enfantine est très demandée parce qu'elle est bon marché et parce que les enfants sont naturellement plus dociles que les adultes, qu'il est plus facile de leur imposer une discipline et qu'ils ont trop peur pour se plaindre. Il y a des enfants de sept à dix ans qui travaillent douze à quatorze heures par jour et dont le salaire représente moins du tiers de celui des adultes. Le travail imposé aux enfants, souvent pénible et dangereux, altère leur santé pour la vie, les prive d'instruction et les empêche de jouir normalement de leurs premières années. »
(Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, Fiche d'information no 14 – Formes contemporaines d'esclavage, Genève, HCDH, [s. d.], consulté le 04-05-2010)

Description

Définition large

Les gouvernements, les organisations internationales, non gouvernementales ou syndicales ne s'entendent pas sur la définition de l'âge minimum pour occuper une activité rémunérée ni sur les réglementations à adopter relativement au travail des enfants.
(adapté de Child Labor and the Global Village, « Child Labor: Frequently Asked Questions », [s. d.], consulté le 04-05-2010)

De façon générale, on classe les enfants dans trois catégories : jeunes de moins de 18 ans; enfants de moins de 15 ans ou en âge de fréquenter l'école à temps plein de façon obligatoire; adolescents âgés de 15 à 18 ans qui ne sont plus obligés de fréquenter l'école à plein temps.
(adapté de l'Observatoire européen des relations industrielles (EIRO), « Child labour », 2007, consulté le 04-05-2010)

Même si la main-d'œuvre enfantine est souvent sujette à des situations d'exploitation extrême, à de longues heures de travail et à de mauvaises conditions de travail, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) ne s'oppose pas au principe du travail des enfants. Selon l'organisation, la participation des enfants à l'activité économique peut, à condition de ne pas compromettre leur santé ou leur développement et de ne pas les empêcher d'aller à l'école, être pour eux une expérience enrichissante. En vertu de la Convention no 138 de l'Organisation internationale du travail (OIT), le travail léger (qui ne nuit pas à l'éducation) est autorisé à partir de l'âge de 12 ans.

Définition restrictive

La protection de la main-d'oeuvre enfantine est couverte par les normes de l'OIT, notamment par la Convention no 138 sur l'âge minimum, adoptée en 1973, et la Convention no 182 sur les pires formes du travail des enfants, adoptée en 1999. Par « travail des enfants », l'OIT entend toute activité économique exercée par un enfant de moins de 12 ans, ou tout travail autre que « léger » accompli par un enfant âgé de 12 à 14 ans. Les pires formes du travail des enfants concernent surtout les jeunes réduits en esclavage, recrutés de force, victimes de la traite, ou livrés à la prostitution ou à des activités illicites ou dangereuses.

Statistiques

Le nombre d'enfants travailleurs dans le monde n'est pas établi. Beaucoup de pays n'ont pas de statistiques à cet égard, et ceux qui s'efforcent de les recenser sont confrontés à des difficultés considérables parce qu'une très grande partie de ce travail est « invisible », dissimulé dans l'économie informelle, à l'intérieur des maisons ou dans les champs. D'après les estimations de l'OIT, la grande majorité des enfants travailleurs se trouvent en Asie, en Afrique et en Amérique latine. C'est la région Asie-Pacifique qui compte le plus grand nombre d'enfants travailleurs de 5 à 14 ans : 127 millions (soit 60 % du total mondial). Viennent ensuite l'Afrique subsaharienne : 48 millions (soit 23 %), l'Amérique latine et les Caraïbes : 17,4 millions (soit 8 %), et le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord : 13,4 millions (soit 6 %). Les pays industrialisés en compteraient près de 2,5 millions (1 % du total mondial) et les pays à économie en voie de transition, 2,4 millions.

« Pour le monde entier, l'OIT considère que le nombre d'enfants de 5 à 14 ans qui travaillent est de 250 millions. Beaucoup d'entre eux sont exploités dans des emplois à risques, en particulier dans l'agriculture, les mines, les carrières, la fabrication de briques, le tissage de tapis, la construction, le tannage du cuir, la pêche en eaux profondes, la production d'allumettes et de feux d'artifice, le service domestique, la prostitution et la pornographie, et les conflits armés. L'étude de l'OIT montre que dans certaines régions, il peut y avoir jusqu'à 20 % des enfants travailleurs qui ont moins de 10 ans. L'emploi de main-d'œuvre enfantine est dans la plupart des cas illégal. »
(Organisation internationale du travail, La sécurité en chiffres : Indications pour une culture mondiale de la sécurité au travail, Genève, Bureau international du travail, 2003, consulté le 04-05-2010)

Secteurs d'activités

Les enquêtes réalisées dans les pays en développement montrent que la majorité de ces enfants (70 %) travaillent dans un secteur d'activité primaire – agriculture, pêche, chasse, foresterie –, les autres se répartissant ainsi : industries manufacturières, commerce de gros et de détail, restauration et hôtellerie, emplois et services domestiques, transports, magasinage et communications, construction et industries extractives. Dans de nombreux pays développés, l'agriculture est le secteur qui mobilise le plus fort pourcentage de main-d'œuvre enfantine. Par ailleurs, c'est dans l'économie informelle, où les travailleurs ne sont ni reconnus ni protégés par la législation en vigueur sur le marché du travail, que l'on trouve le plus grand nombre de travailleurs enfants. Le Bureau international du travail estime que cette prédominance des enfants dans les activités du secteur informel, qui échappent au contrôle de la plupart des institutions publiques, quel que soit le revenu des pays, constitue le principal obstacle à l'abolition effective du travail des enfants.

Plusieurs causes sont à l'origine du travail des enfants. La pauvreté est l'une des plus déterminantes en plus de l'instabilité économique et politique, la discrimination, les migrations, l'exploitation à caractère criminel, les pratiques culturelles traditionnelles, le manque de travail décent pour les adultes, l'insuffisance de la protection sociale et le manque d'établissements d'éducation.
(adapté de l'Organisation internationale du travail, « Le travail des enfants : un fléau persistant et omniprésent », dans Travail, no 43, 2002, consulté le 04-05-2010)
Dictionnaire analytique de la mondialisation et du travail
© Jeanne Dancette